Suite à la première édition de la Worldwide Freedom Initiative (Initiative Mondiale pour la Liberté), premier événement dont le but est le dialogue entre les divers mouvements de droite nord-américains et européens de l’ouest et de l’est, l’essayiste Youssef Hindi a fait paraître dans Le courrier des stratèges un article intitulé « Comment le Deep State US contrôle les souverainistes français », accompagné d’une vidéo de 40 minutes «Hindi : vers une ingérence US dans le souverainisme européen ?».

À 0:30, Hindi affirme avoir écouté les deux discours de Zemmour, celui d’ouverture et l’autre vers la fin ; le fait qu’il ait ignoré le reste de l’événement, sans doute par manque de temps ou d’intérêt, biaise d’entrée de jeu la teneur qu’il lui prête.

La vidéo continue sur deux erreurs :

1:42 : « Il y avait le Président de la Chambre des Représentants, qui faisait partie des organisateurs. »

Mike Johnson n’était pas organisateur, mais invité. Par ailleurs, suite à son élection, et contrairement à ce qu’ont affirmé certains journaux américains, il a choisi de ne pas se rendre à Paris, pour la raison évidente que sa nouvelle fonction l’obligeait à travailler énormément et tout de suite.

2:20 : « Le Comité Trump France a été écarté de cette réunion. »

Ils ne nous ont pas contactés et nous n’avons pas eu le temps de contacter tout le monde.

S’ensuit un développement sur la vision géopolitique anti-israélienne de Hindi, qui n’a trait que de très loin à la WFI ; nous nous y arrêterons donc peu. Nous noterons seulement que Hindi conteste l’interprétation que Zemmour fait de l’emploi par Toynbee de la formule de « choc des civilisations », affirmant que le choc en question avait lieu non pas entre les différentes civilisations, mais entre la civilisation « moderne » et la civilisation « traditionnelle », ce sur quoi Hindi serait sur la même ligne que nous, et même il l’affirme à 20:10 : « il y a une partie du discours qu’on peut accepter. Effectivement, une partie du discours contre le wokisme, on est d’accord, qui est très néfaste ». Vient ensuite notre désaccord : « mais tout le reste, sur le choc des civilisations, c’est un discours qui ne reflète pas la réalité, puisque ce choc des civilisations, il est fabriqué de toutes pièces. » S’agissant de savoir si le « choc des civilisations » est ou non un artifice sans substance, nous nous en remettons à la sagacité du lecteur qui suit l’actualité.

Monsieur Hindi tempère tout de même deux fois l’interviewer qui le pousse dans des supputations audacieuses :

à 17:10, lorsque Eric Verhaeghe lui demande si la WFI  était une manière pour Donald Trump d’être récupéré par ou de pactiser avec l’Etat profond américain, il répond qu’il y a pas de preuves satisfaisantes pour l’affirmer ;

à 29:40, lorsque Eric Verhaeghe lui demande si la WFI avait pour but de récolter des fonds pour la campagne de Donald Trump, il répond par la négative.

Ces réponses de Hindi trouvent leur justification dans sa manière de voir la relation entre le trumpisme et la WFI :

30:35 : « Je crois que c’est une opération qui se présente comme trumpiste, mais c’est une opération néoconservatrice. »

32:30 : « On dit : Trump, Trump… mais c’est surtout un forum pro-américain et pro-israélien, plus que trumpiste. »

Hindi a à la fois tort et raison. S’il s’était davantage penché sur l’événement, il aurait repéré David Bossie et Corey Lewandowski, membres majeurs de la campagne présidentielle de Trump en 2016. Mais il est vrai que l’événement ne tournait pas qu’autour de Trump : voir les intervenants leaders de droite canadien, français autres que Zemmour, néerlandais, hongrois, roumain… qui se sont succédés.

Nous conclurons sur l’une des dernières affirmations de Hindi qui ont trait de près ou de loin à la WFI :

33:35 : « Depuis une quinzaine d’années, il y a un mouvement de rattachement des droites européennes (Belgique, Hollande, France, etc.) au wagon israélien. »

Il est certes possible – succomberait-il aux sirènes de l’antisémitisme ambiant ?- de voir dans une tentative de dialogue qui rassemble le plus de droites occidentales possible une manigance gouvernementale de grande ampleur à fuir et à mépriser. C’est tout de même dommage. La WFI a été organisée par une petite équipe qui s’est beaucoup investie pour faire advenir l’événement imaginé par Randy Yaloz. Jusqu’au dernier moment, l’événement a même failli ne pas avoir lieu, tant les difficultés à le mettre en place ont été grandes, et même : il a dû être déplacé au tout dernier moment pour cause d’annulation de la part de la mairie du 6ème arrondissement. M. Hindi doit sans doute y voir un bastion de la résistance au projet de domination mondial de l’Etat profond américain, idée obsessionnelle qui l’aveugle dans ses appréciations.

Pour finir, nous prions Monsieur Hindi de retourner voir les vidéos des discours de Zemmour, seules vidéos de la WFI qu’il ait regardées. Nous ne lui demandons pas de se les repasser en entier, mais seulement de les arrêter sur n’importe quelle image et de regarder attentivement le panneau derrière lui, où figurent les sigles des principaux sponsors de l’événement.

On y lit : « Danube », pour « Danube Institute », le plus grand think tank conservateur de Hongrie, qui a contribué à l’avènement de la WFI. Monsieur Hindi souhaite intégrer le WFI à sa vision de la géopolitique foncièrement hostile à Israël ; il en perd de vue l’évidence : l’essence de la WFI était, est et (nous l’espérons) sera le dialogue entre les droites occidentales afin « de créer des liens forts et durables, de définir les priorités communes d’intérêt national et les domaines de coopération et de diplomatie bilatérales et multilatérales, de promouvoir le partage des expériences et de s’en inspirer, et de s’engager dans des échanges francs et constructifs, mais aussi de faciliter les missions de recherches d’intérêt commun entre les leaders des différents pays ». Rien de plus, rien de moins.

La caravane passe.

P.S. : nous invitons les lecteurs à visionner les différents intervenants de la journée de conférence pour que chacun fasse son propre avis : https://www.youtube.com/@WFI2023-TV

Auteur : l’équipe d’organisation de la Worldwide Freedom Initiative